lundi 26 juin 2017

Les grèves ( comment résoudre l'extrême richesse et l'extrême pauvreté )

Leçon LXXVI   extraite de l'ouvrage "Les Leçons de Saint d'Acre"  recueillies par Laura Clifford Barney et traduites du persan par Hippolyte Dreyfus (p.291 à 295)   Auteur : Abdu'l-Bahà
1 ère édition en 1954 ;  5 e édition corrigée en 1982/Avril  Presse universitaire de France
6 e édition en 2007/Maison d'éditions baha'ies


     Les grèves  ( Il est fort à propos que  tous les gouvernements du monde prennent leur courage à deux mains et s’attellent enfin à l'élimination de l'extrême de richesse et l'extrême de pauvreté. L'instauration d'une société juste est source de paix, de tranquillité et de sécurité pour  tout le genre humain).

     Vous m'avez interrogé sur les grèves. Cette question est, et sera longtemps le sujet de grandes difficultés. Elles tiennent à deux causes. L'une est l'extrême avidité et la rapacité des fabricants et industriels, l'autre les excès, l'avidité et l'intransigeance des ouvriers et travailleurs. Il est donc nécessaire de porter remède à ces deux causes.
     Mais la cause principale de ces difficultés réside dans les lois en usage dans la civilisation actuelle ; car elles conduisent à ce qu'un petit nombre d'individus amassent des fortunes sans pareilles, dépassant leurs besoins, tandis que le plus grand nombre demeure dépourvu, dépouillé, et dans la plus grande misère. Et cela est contraire à la justice, à l'humanité, à l'équité ; c'est le comble de l'iniquité, l'opposé de ce qui cause la satisfaction divine.
      Ce contraste est particulier au monde de l'homme ; chez les autres créatures, c'est à dire chez presque tous les animaux, il existe une sorte de justice et d'égalité. Ainsi l'égalité existe dans un troupeau de moutons d'un berger et dans une bande de cerfs dans la campagne. De même, parmi les oiseaux de la prairie,  de la plaine,de la colline ou du verger ; et dans chaque espèce animale il existe une certaine sorte d'égalité. On ne trouve pas chez eux une pareille différence dans les moyens d'existence ; aussi vivent-ils dans la tranquillité et la joie les plus complètes.   
    Il en est tout autrement de l'espèce humaine qui persiste dans l'erreur la plus grande et dans l'iniquité absolue. Considéré un homme qui a amassé des trésor en colonisant un pays à son profit : il a conquis une fortune immense et s'est assuré des bénéfices et des revenus qui coulent comme un fleuve, tandis que cent mille malheureux, faibles et impuissants, manquent d'une bouchée de pain. Il n'y a là ni égalité ni bienveillance. Aussi, vous voyez que tranquillité et la joie générales sont anéanties, que le bien-être de l'humanité à tel point que pour un grand nombre la vie est devenue stérile. Car la fortune, les honneurs, le commerce, l'industrie sont entre les mains de quelques individus, tandis que les autres sont soumis à toute une série de difficultés et à des trouble illimités ; ils n'ont ni avantages, ni bénéfices, ni bien-être, ni tranquillité.
     Il faut donc instituer un règlement et des lois qui réglementeraient les fortunes excessives de certains particuliers et feraient face aux besoins de millions de pauvres de la masse ; on obtiendrait ainsi une certaine modération. Cependant, l'égalité absolue est toute aussi impossible ; car l'égalité absolue dans les fortunes, les honneurs, le commerce, l'agriculture, l'industrie, aboutirait au désordre, au chaos, à la désorganisation des moyens d'existence, et au désappointement universel ; l'ordre des affaires de la collectivité serait tout à fait détruit. Ainsi, des difficultés surgiront également si l'on impose une égalité injustifiée. Il est donc préférable d'établir la modération au moyen de lois et règlement visant à empêcher que se constituent des fortunes excessives de certains individus, et à protéger les besoins essentiels de la masse; Par exemple, les fabricants et es industriels amassent chaque jour un trésor, et les pauvres travailleurs ne gagnent pas leur subsistance journalière ; cela, c'est le comble de l'iniquité, et aucun homme juste ne l'accepterait.
      Il faut donc établir des lois et des règlements qui permettent au corps des ouvriers de recevoir leur salaire de propriétaire de la fabrique, et qui les associeraient dans le quart ou le cinquième des bénéfices, selon les nécessités de la fabrique ; ou bien que le corps des ouvriers et le fabricant soit associés d'une façon équitable dans les bénéfices et les avantages. En effet, le capital et la direction vienne du propriétaire de la fabrique, l'ouvrage et le travail du corps des ouvriers. Ou bien les ouvriers recevront un salaire qui leur assurera des moyens d'existence convenables, et lorsqu'ils cesseront le travail et seront affaiblis et sans ressources, ils auront des avantages suffisants sur le revenu de l'industrie ; ou bien les salaires seront suffisamment élevés pour que les ouvriers soient satisfaits de la somme reçue  et puissent mettre un peu d'argent de coté pour les jours de manque et d'impuissance.
     Lorsque les choses seront ainsi fixées, le propriétaire de la fabrique ne mettra plus de coté, tous les jours, un trésor qui ne lui sert absolument à rien ( car, si la fortune est disproportionnée, le capitaliste succombe sous un poids formidable et tombe dans les difficultés et les troubles les plus grands ; l'administration d'une fortune excessive est très difficile et épuise les forces naturelles de l'homme).  Pareillement, les ouvriers et travailleurs ne seront plus dans la misère et la gêne les plus grandes et ne seront plus soumis, à la fin de leur vie, aux pires privations.
     Il est donc clair et évident que la répartition de fortune excessive entre les mains d'un petit nombre d'individus, à coté des besoins de la masse, est une iniquité et une injustice. De même, l'égalité absolue serait un obstacle à la vie, au bien-être, à l'ordre et à la tranquillité de l'humanité. Dans ces conditions, la modération est de beaucoup préférable. Elle réside en ceci que les capitalistes soient modérés dans l'acquisition de leurs bénéfices, et qu'ils tiennent compte des besoins des pauvres et des nécessiteux ; c'est-à-dire que les ouvriers et travailleurs reçoivent un salaire journalier fixe et établi, et qu'ils aient aussi une part et une fraction des bénéfices généraux de la fabrique.
     Ce qui convient c'est que, en ce qui concerne les droits communs aux fabricants, aux ouvriers et aux travailleurs, des lois soient établies qui donnent aux fabricants des bénéfices modérés, et qui apportent aux ouvriers les moyens d'existence nécessaires et la sécurité pour l'avenir. Ainsi, lorsqu'ils s'affaibliront, cesseront de travailler, deviendront vieux et impotents, ou laisseront derrière eux des enfants en bas âge, que ce ne soit pas l’excès de pauvreté qui les anéantisse, eux et leurs enfants. Et ce seront les revenus de la fabrique elle-même, auxquels ils ont droit, qui leur fourniront une partie, si petite soit-elle, de leurs moyens d'existence.
     De même, les ouvriers ne doivent plus faire des revendications excessives et se révolter, ni demander au-delà de leurs droits ;  ils ne doivent plus faire des grèves, ils doivent être obéissants et soumis, et ne pas demander des salaires excessifs. Mais les droits réciproques et raisonnables des deux parties associées seront fixés légalement et établis selon des lois justes et désintéressées. Au cas où l'une des deux parties ferait une transgression, les tribunaux feraient condamner le transgresseur et l’exécutif devrait appliquer le verdict : ainsi, l'ordre serait rétabli et les difficultés réglées.
     L'immixtion des tribunaux et du gouvernement dans les difficultés pendantes entre les fabricants et les ouvriers est légale, pour la raison que les affaires courantes  entre les ouvriers et les fabricants ne peuvent être assimilées aux affaires ordinaires entre particuliers ne concernant pas le public, et dont le gouvernement ne doit pas s'occuper. En effet, biens qu'elles paraissent être des affaires personnelles, ces difficultés entre les deux parties sont au détriment du public ; car les affaires commerciales, industrielles, agricoles et les affaires générales du pays, tout cela est intrinsèquement lié. Si l'une souffre d'un vice, le détriment atteint la masse. Ainsi, les difficultés entre ouvriers et fabricants devienne une cause de détriment général.
     Le tribunal et le gouvernement ont donc le droit d'immixtion ; lorsqu'une difficulté entre deux individus présente au sujet de droits particuliers, il faut qu'un tiers règle la question : c'est le rôle du gouvernement. Donc, le problème des grèves qui causent des troubles dans le pays et qui, souvent, tiennent aux vexations excessives des ouvriers, aussi bien qu'à la rapacité des fabricants, comment pourrait-il être négligé ?
      Grand Dieu !  se peut-il qu'un homme qui voit un de ses semblables affamé, nu, dépourvu de tout, puisse se reposer et demeurer à l'aise dans son château luxueux ? Celui qui en rencontre un autre dans la plus grande misère peut-il jouir heureusement de sa fortune ? C'est pour cela que, dans la religion de Dieu, il est prescrit et établi que les hommes fortunés doivent, chaque année, abandonner une certaine part de leur fortune pour l'entretien des pauvres et des malheureux. C'est cela le fondement de la religion de Dieu, et cela engage tout les monde.
     Telle est la signification des bonnes œuvres dans les tablettes et les livres divins.

Les Leçons de Saint-Jean d'Acre ( Les grèves )Abdu'l-Bahà Ch.5/76

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Aux frontières de l'Apprentissage : Frontiers of Learning -French subtitled     Dans des villes et des villages du monde entier, des jeunes et des moins jeunes prennent part au processus de construction communautaire basé sur les concepts enchâssés dans les écrits baha'is. Ce film réalisé en 2013,  relate les  perspectives et les expériences d'enfants, de pré-jeunes, de jeunes et d'adultes - en Colombie, au Canada,  en République Démocratique du Congo et en Inde - dont les efforts pour construire des communautés vibrantes se situent aux frontières de l'apprentissage.









 

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